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Mes impressions sur la rencontre d’Euroblogueurs à Cordoue

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Ce weekend, j’ai eu le plaisir d’être invitée à Cordoue par l’équipe du bureau du Parlement européen en Espagne, aux côtés d’une cinquantaine de blogueurs, journalistes, eurodéputés et fonctionnaires européens, à plancher sur le thème de comment communiquer l’Europe sur Internet. Au nom du Blogging Portal, j’ai fait une présentation à une table ronde sur comment « Communiquer l’Europe à travers les réseaux sociaux ». Mes grands-parents ont fuit l’Espagne en 1939 à cause de la guerre civile. Pour la Française d’origine espagnole que je suis, être invitée à Cordoue pour parler d’Europe, qui est avant tout un projet de paix, était très symbolique et quelque peu émotionnel.

Bien que je suive attentivement ce qu’il se passe dans l’Euroblogosphère anglophone et francophone, je connais peu l’Euroblogosphère espagnole. Pour moi, cette rencontre à Cordoue a été une véritable découverte. Il est toujours bon de sortir de « l’EU bubble », le microcosme bruxellois qui travaille dans les affaires européennes. À Bruxelles, on respire l’Europe. On a le nez dedans. Trop peut-être… Rencontrer régulièrement des protagonistes nationaux est non seulement bénéfique mais aussi essentiel. Au final, la rencontre de Cordoue était exactement la bouffée d’air frais dont j’avais besoin après trois mois de travail intense. Je reviens à Bruxelles submergée d’idées. En parler pourrait remplir 10 blogposts. Mais voici donc mes premières impressions de la rencontre.

L’Espagne est différente

Il fallait le voir pour le croire. Au tout début de la rencontre, les quelques 50 participants autour de la table ont réalisé une « ola », la vague humaine que forment les supporters durant les matchs de football. Ça reflète bien l’ambiance générale de la rencontre : sympa, décontractée et surtout, coopérative. J’ai écrit dans le passé que j’aimerais voir plus de personnalités européennes parler d’Europe avec passion. Et bien cette passion, je l’ai trouvée en Espagne. Ca doit être certainement la différence culturelle.

Communiquer entre Européens plutôt que communiquer l’Europe

L’idée principale que je voulais défendre était qu’avec l’avènement des réseaux sociaux, les institutions européennes devraient arrêter d’essayer de « communiquer l’Europe » à tout prix, comme si l’Europe était un message à diffuser aux masses, et commencer à interagir, c’est-à-dire à parler d’Europe entre Européens. Comme Pau Solanilla d’Europeando.eu l’a dit : « Si l’on n’a pas compris que la hiérarchie n’est plus le principe organisateur, alors on n’a rien compris ». Dans les réseaux sociaux, la communication est personnalisée. Parler comme une institution ne fonctionne pas. C’est pourquoi, les institutions européennes devraient lâcher un peu de lest et autoriser ses employés à parler, non au nom de leur institution, mais en tant que personne travaillant dans cette institution. Bárbara Quílez, qui est en charge de la page espagnole du site du Parlement européen, a fait une remarque très subtile sur ce point : «  Nous [les fonctionnaires européens] pouvons humaniser l’Europe, pas la personnifier ». En effet, il s’agit de donner un visage à l’Europe et non d’être le visage de l’Europe.

Au final, tout est histoire de relation

Selon Pau Solanilla, la communication en réseau est faite de contenu, de canaux et de relations. Le succès de la rencontre de Cordoue a démontré quelque chose que les acteurs de l’Internet savent bien ; les relations qui se développent en ligne engendrent des liens solides dans la vie réelle. Bien que je communique depuis des mois avec les Euroblogueurs espagnols qui étaient présents à Cordoue, je ne les avais encore jamais rencontrés. Mon expérience m’a montré que les activités en ligne sont toujours renforcées par des rencontres en chair et en os. C’est pourquoi des rencontres comme celle de Cordoue sont non seulement bénéfiques mais aussi essentielles tout simplement.

Ne doutez pas qu’un petit nombre de personnes déterminées puisse changer le monde. En fait, ça a même toujours marché comme ça[1]

Samedi, #PEredes, le hashtag utilisé pendant la rencontre de Cordoue a réussi à se placer parmi les sujets tendance de Twitter et tout ça en parlant d’Europe ! Finalement, pour que l’Europe fasse partie du débat public, on a juste besoin d’une salle remplie de geeks européens et d’une bonne connexion Internet.

Lors de notre rencontre, Susana del Río, une sociologue spécialisée dans la communication européenne, a dit que « Le débat entre Européens est source de créativité politique ». Je suis tout-à-fait d’accord. L’Europe est le futur de la politique. De nos jours, dans les pays occidentaux, la démocratie connait une mauvaise passe : baisse constante du taux de participation aux élections, chute du nombre d’adhérents aux partis politiques, méfiance envers les politiciens… nous sommes tous politiquement désenchantés. Dans une telle situation, parler de politique entre Européens peut mener à de nouvelles solutions et à un renouvellement de l’intérêt pour la politique. L’Union européenne est un OPNI, un objet politiquement non-identifié. C’est à nous, les citoyens européens, de bâtir l’Europe que nous souhaitons. Pour reprendre l’expression de Francisco Luis Benítez, « L’Europe en vaut la peine ».

En conclusion, je dirais que l’initiative de l’équipe d’Ignacio Samper du bureau du Parlement européen en Espagne a montré la voie. Nous avons besoin de rencontres similaires dans d’autres pays européens. J’aimerais voir un évènement de ce genre organisé en France où la blogosphère est l’une des plus actives d’Europe. Au final, j’aimerais aussi voir une rencontre générale d’Euroblogueurs de tous pays à Bruxelles. Parlement européen, vous me recevez ?


[1] Margaret Mead, anthropologue américaine

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